FRAC Grand Large

Hauts-de-France

CHAPITRE 1 : PAYSAGE MENTAL

Paysage mental fait converger la grande et la petite échelle, l’industrie globalisée et la consommation mondialisée, la perception de l’espace et l’architecture fonctionnelle, le patrimoine et l’art contemporain… Ce chapitre s’inscrit sur plusieurs sites autour du pôle Art contemporain, avec des œuvres d’artistes à la mesure des espaces investis et du paysage industriel, portuaire et balnéaire de Dunkerque, que le public est invité à découvrir ou redécouvrir.

Pensées pour les lieux, les installations se nourrissent d’un imaginaire lié aux matériaux, aux flux, aux objets ou aux gestes industriels présents mais plus ou moins visibles du patrimoine dunkerquois. Un horizon cinématographique depuis lequel se profilent les grands moments d’une histoire moderne de l’après-guerre européenne. Les artistes travaillent avec de nouveaux matériaux, expérimentent de nouveaux savoir-faire et sortent du territoire circonscrit de la peinture et de la sculpture. Ils s’affranchissent des cadres traditionnels en collaborant avec des ingénieurs et des entreprises, produisent des œuvres en série, créent des œuvres plus grandes, voire gigantesques, et parfois même, investissent directement les paysages.

Signal et symbole fort de cette activité industrielle, la friche de la Halle AP2 offre un écrin hors pair pour présenter le versant imaginaire, fantasmagorique de GIGANTISME — ART & INDUSTRIE à savoir son appartenance à la démesure et au hors du commun. Par leur taille, leur poids, leurs matériaux et leur déploiement dans l’espace, les œuvres – produites à cette occasion ou ré-installées in situ – révèlent à la fois la structure et ses usages. En résonance avec l’environnement immédiat, les installations des artistes invités dialoguent avec l’architecture de cette cathédrale industrielle, restituée pour accueillir de l’art et re-souligner par son bâtiment jumeau, celui du FRAC réalisé par les architectes Lacaton & Vassal.
(Projets d’Angela BullochCarlos BungaAnita MolineroAlexandre PérigotDelphine ReistTatiana Trouvé et Bernar Venet)

Vue de l’exposition « GIGANTISME — ART & INDUSTRIE : Paysage mental », 2019, Frac Grand Large — Hauts-de-France, Dunkerque

Le point haut du 5e étage du Belvédère du FRAC est en prise direct avec trois perspectives, d’un côté le port et les torchères des sites industriels, d’un autre la digue et la vue de la mer, et enfin le site en gestation du pôle Art contemporain constitué du FRAC, du LAAC et de la passerelle vers la plage. Sur ce Belvédère, en lien avec l’industrie, les œuvres abordent les notions de sérialité et de dispersion en mettant en avant leur propre ingénierie.
(Œuvres de Robert BreerCharlotte PosenenskeTakis et projets de drapeaux répartis sur les sites des ports de plaisance et offrant des points de perspective mobiles).

Dans les espaces extérieurs, certains projets – sculptures ou installations – sont créés, assemblés et installés avec le soutien et la complicité d’entreprises du tissu économique local, ou feront l’objet, dans un avenir proche, d’un processus de commande pour l’espace public, en lien et en continuité avec les sculptures déjà existantes dans le jardin du LAAC. Dans l’actuel quartier du Grand Large, alors qu’une grande partie du site était encore occupée par les Chantiers Navals de France, l’hypothèse du fondateur du LAAC, Gilbert Delaine, était bien, à la fin des année 1970, de réaliser un musée jardin avec les grues des chantiers en toile de fonds, qui permettait la symbiose entre l’art, la ville et l’industrie. Le LAAC poursuit ce projet d’intégration avec cette même ambition, en lien aujourd’hui avec le FRAC installé là-même où les chantiers navals se trouvaient. Les invitations d’artistes jusque sur les môles, le long du chenal maritime et les ports de plaisance continuent ce lien avec un environnement en transformation.

Certains parcours extérieurs sont construits à partir d’œuvres plus immatérielles, spécifiquement conçues sur l’oralité, mettant en jeu les formes du récit, de la performance et de la transmission. Les publics sont invités à traverser et regarder le paysage, à l’éprouver et le reconsidérer, qu’il soit industriel, naval ou balnéaire. Comme autant de jalons et propositions de promenades ou déambulations sans fléchage, c’est bien la multiplication des points de vues qui s’offrent aux visiteurs, des moments propices à la contemplation par l’observation simultanée des œuvres proposées et de l’espace.

Vue de l’exposition « GIGANTISME — ART & INDUSTRIE : Paysage mental », 2019, Frac Grand Large — Hauts-de-France, Dunkerque

(Des productions d’installations dans l’espace public de Nathalie Brevet_Hughes RochetteJean-Daniel BerclazHera BüyüktaşçıyanMaya Hayuk, Donovan Le CoadouTania MouraudMatt Mullican et de projets sur l’oralité de Céline AhondDector & DupuyMark GeffriaudDominique GilliotLudovic LinardFlora Moscovici)

Description de quelques œuvres

Anita Molinero, artiste française, sculpte le polyuréthane – type de plastique dérivé du pétrole – en le fondant dans la lignée d’un César. Un matériau transformable à l’infini qui, par son accumulation, crée des mondes fantastiques. Les muraux et les arches verticales vertigineuses qui dialoguent avec l’architecture mentale des deux bâtiments, constitués de cartons laissés bruts ou recouverts de couleurs pastel de l’artiste portugais Carlos Bunga, témoignent de la qualité éphémère de ce matériau par rapport au passé glorieux du charbon, de l’acier, du pétrole et du plastique et en même temps de sa durée par son utilité indispensable dans les circulations à la fois mondiales et locales. L’installation lumineuse et mécanique de l’artiste suisse Delphine Reist redonne à la Halle AP2, en exercice entre 1947 et 1987, son unité de production. Le pont roulant est étrangement activé pour rappeler son usage : déplacer des matériaux lourds, géants pour l’assemblage des navires des Chantiers de France qui occupaient une bonne partie du quartier actuel du Grand Large. L’artiste s’empare de cet outil comme précurseur des machines de production informatisées. Avec cette filiation, elle vient pointer la progressive industrialisation de nos vies privées avec les machines issues du post-fordisme.

L’ensemble du dispositif sculptural de Tatiana Trouvé Desire Lines a été initialement conçu pour Central Park et installée à l’entrée du parc durant l’été 2015. Après avoir étudié les nombreux kilomètres de sentiers qui sillonnent le parc, Tatiana Trouvé a identifié 212 chemins, d’une longueur variant entre 4 et 60 milles. L’artiste a ensuite imaginé trois structures monumentales en acier, contenant au total 212 bobines en bois, chacune enroulée d’une corde de couleur différente, d’une longueur équivalente à celle d’un des sentiers et étiquetée pour identifier son emplacement dans le parc. Chaque bobine est ainsi associée à une marche significative de l’histoire à travers le monde, afin d’encourager les spectateurs à réfléchir aux diverses implications sociales et politiques de l’acte de marcher.

Les textes de très grand format de Tania Mouraud (L’œuvre de Tania Mouraud est une commande de Rubis Mécénat) ont été conçus pour l’échelle de l’espace public, ici un diptyque sur un mur pignon de la ville et sur deux bacs situés sur le site de Rubis Terminal dans le port, visibles de la route ou par bateau. Elle a envisagé une intervention mémorielle et poétique s’inscrivant dans l’histoire de Dunkerque. Sur le port elle propose le choix d’une citation de Shakespeare, en français et en anglais. Son lettrage noir et les espacements blancs sont étirés jusqu’à la limite du lisible. « La difficulté de lecture transforme ce texte gigantesque en un décor abstrait, géométrique, qui souligne l’architecture. Le fait d’en découvrir la lecture, au fil des déplacements, renvoie le promeneur à ses propres désirs tout en cassant la solitude inhérente à la pratique urbaine ».

Les œuvres commandées dans le cadre de GIGANTISME — ART & INDUSTRIE, s’ajoutent à un jalonnement déjà important d’œuvres monumentales de Bernar VenetArman… dont les premières ont été implantées en 1980, déjà grâce à la collaboration d’industriels avec le Musée d’Art Contemporain, renommé le LAAC.

Ce parcours manifeste aussi une volonté de partage d’un espace public gratuit, ouvert, comme un parcours de promenade au cœur de la cité, un espace vitalisant de rencontres ou de méditation, entre chenal, canal et mer, forcément populaire.

KD, GG, GL et SW

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